Bruno Metsu : «Je n’ai pas quitté l’équipe du Sénégal, on m’a viré »

Mardi 23 Août 2011 - 12:46

Bruno Metsu : «Je n’ai pas quitté l’équipe du Sénégal, on m’a viré »
Quelques heures avant le match de préparation devant opposer son club Al Gharrafa à Al Saad, deux des meilleurs clubs du championnat qatari, Bruno Metsu s’est entretenu avec ndamli.sn.

Dans cette première partie de l’entretien, Bruno revient sur son parcours avec la sélection sénégalaise de 2000 et 2002, qui a marqué d’une encre indélébile sa carrière d’entraineur et sur les circonstances de son départ.

Q: Votre carrière d’entraineur sera véritablement marquée par l’épisode sénégalais. en 2000 et 2002, l’Afrique et le monde découvre le Sénégal ou un autre visage du football sénégalais. Que retenez-vous de cette période ?

BM : Une période fantastique pour tout le monde, on a vécu des événements inoubliables pour tout le monde. On a vécu des moments inoubliables, la preuve, on en parle encore. Tout le peuple sénégalais a vécu ce moment avec beaucoup d’émotions. Y a eu beaucoup de passion et c’était quelque chose de fabuleux. Tous les sénégalais rêvent de revivre cette période. Ma grosse fierté a été, avec l’équipe, d’avoir réuni tout un peuple, qu’on soit musulman ou chrétien ; c’est une grande leçon de la vie. (…)

J’espère que la nouvelle équipe, la nouvelle génération, celle qui est entrain d’être mise en place, vivra ces mêmes moments. C’est une équipe de qualité avec d’excellents joueurs qui sont dans de grands clubs et qui y jouent des rôles importants. Les attaquants sénégalais sont pratiquement les meilleurs butteurs de leur club. Le football sénégalais a progressé, néanmoins il va falloir trouver les bons mots pour que l’équipe puisse encore gravir des échelons et être au top niveau c'est-à-dire mieux que 2002.

Q: Quand vous dites « trouver les bons mots », vous faites allusion à quoi ?

BM: Je pense que ce qui est important, c’est que tout le monde soit uni et réuni derrière l’objectif. On peut avoir de bons joueurs et ne pas avoir une bonne équipe, et ça c’est le plus important. L’équipe, faut qu’elle soit unie. Je ne vis pas à l’intérieur du groupe donc je ne connais pas ses forces et ses faiblesses. Maintenant, je connais la qualité des joueurs et après au-delà de qualité des joueurs, il y a celles des hommes. J’aime souvent dire, ce sont les joueurs qui jouent les matches mais ce sont les hommes qui gagnent les matchs. Notre force en 2002, c’est qu’on avait une équipe de valeur. Une valeur humaine. Les gens avaient un mental de fauve. Ils voulaient réussir. Ils avaient l’énergie, la force, la volonté et c’est ce qui réussit au haut niveau. C’étaient de joueurs qui voulaient réussir coûte que coûte. Je le répète, je ne connais pas la valeur mentale et morale de l’équipe d’Amara mais la valeur individuelle des joueurs est réelle, ce sont des footballeurs de très grandes qualité. Aujourd’hui, ce qui reste à faire est de concevoir un message et que les joueurs adhèrent à ce message.

Q: Malgré tout ce que vous venez de dire sur l’épopée 2002 Contre toute attente, malgré cette performance, vous décidez de quitter le Sénégal pour les Emirats, qu’est-ce qui avait motivé ce choix.Ne pensiez-vous pas qu’il y avait une suite à l’aventure de 2002 ?

BM: En 2002, j’ai été contacté par des clubs de la Turquie et d’Emirats, durant cette période, le prochain match de compétition du Sénégal devait se situer en fin mai, début juin 2003, c’était pratiquement une année avec quelques matches amicaux et où il n’y avait pratiquement rien à faire. J’ai demandé s’il était possible de me libérer un an et de revenir avec l’équipe nationale, il me restait 2 ans de contrat. J’ai demandé au Président de la FSF, El Hadj Malick Sy Souris à l’époque, qui me dit « Bruno, ça ce n’est pas de mon ressort, il faut en discuter avec le Ministre des sport (Joseph Ndong) ». Ce dernier me renvoie chez le Président Wade. Ce que j’ai fait. Au cours de notre entretien, le Président m’a dit « Bruno, il n y a aucun problème. Tu peux partir une année et la saison prochaine, tu reviens au Sénégal et dans un an, je veux la coupe sur mon bureau ». Le Sénégal économisait un an de salaire et on était d’accord. Le deal, c’était que je revienne la saison suivante et que je remporté la Coupe 2004 avec les lions. C’est ce qui était programmé. A ma grande surprise, au bout d’un mois, la FSF met un terme à mon contrat. Mon souhait c’était de partir aux Emirats pour une année et revenir après au Sénégal. Je le reconnais, aux Emirats, j’avais une proposition financière très alléchante. Comme je l’ai dit tantôt, au bout d’un mois, on fait comprendre que mon contrat était résilié par la Fédération qui venait d’embaucher Guy Stéphan.

Q: Si on suit bien, il était question de poursuivre avec la sélection sénégalaise ?

BM: Bien sûr, on rêvait de gagner la CAN. L’équipe du Sénégal, durant ce 3, 4 années qui ont suivi aurait pu réussir une autre qualification à la coupe du monde et aurait pu régner sur l’Afrique parce qu’il y avait le talent et les moyens. Mon vœu le plus cher était de rester au Sénégal, maintenant la Fédération a choisi une autre option parce qu’ils ont estimé que c’était mieux de prendre un autre coach et j’ai respecté leur décision. Je n’ai pas quitté l’équipe du Sénégal, on m’a viré.

Q: En 2002, en ¼ de finale de la coupe du Monde, l’aventure s’arrête pour le Sénégal. Certains observateurs qui pensent que vous aviez fait une erreur de coaching, estime que Les lions auraient pu faire mieux dans ce tournoi ? Que s’est-il réellement passé ?

BM: On est tombés sur plus fort que nous, c’est tout.

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